Theo Haggai, c’est un jeune artiste-caissier d’Aix en Provence qui habite à Lyon. Il voit le désespoir dans les regards de ses clients à Monop’. Il dessine sur des tickets de caisse, il crée de l’espoir, il rêve de s’évader en noir et blanc, il noircit un échappatoire en quelques coups de crayon. Rencontre dans l’immeuble dingue de la Taverne de Gutenberg.
Ton travail ?
Je dessine des mains, c’est fort, c’est ce qui véhicule le plus de sens. Je dessine aussi des personnages, les rêveurs. Il faut pouvoir toujours et encore rêver. Maintenant, je lie les deux, je remplis mes rêveurs de mains. Ils deviennent des combattants, ils ont besoin de conquête, de reconnaissance.
Tes projets en 2017 ?
Je suis encore caissier mais avant l’été, je vais changer d’activité. Je vais lancer du textile : des tee-shirts et des tote bags. Je trouve que le textile colporte le message au maximum, alors que si tu dois obligatoirement aller dans une galerie, c’est plus compliqué, c’est un autre délire. Quelqu’un qui aime le message mais qui ne me connait pas forcément, il va l’acheter et le mettra dans la rue. Même si le message dure 30 secondes, c’est une exposition collaborative. Ils seront imprimés à Lyon et vendus sur le net.
Prochaine expo ?
Pas vraiment de choses de prévu. J’ai envie de faire des murs et de plus en plus de trucs dans la rue.
Fin mai, je vais faire les Mini-Sonores avec les Nuits Sonores : trois jours d’ateliers pour les 6-12 ans. On récolte plein d’objets : des chaussures, des drapeaux, des ballons, des maisons en bois… J’ai peint les objets en blanc et dessiné en noir dessus. Les minots (on comprend qu’il vient du sud) pourront continuer de dessiner ou pour les plus petits, ils pourront colorier avec des Posca en couleurs et les emmener chez eux. J’avais déjà fait un truc avec des minots (notez qu’il ne dit toujours pas « gones ») dans l’école André Philip, une fresque au sol avec les maternelles. Juste de colorier, c’était cool.
Plutôt que des tickets de caisse, tu aimerais dessiner sur … des bulletins de vote ?
Non. J’ai toujours pensé que les artistes devaient s’engager mais à leur manière, à travers leur art. Je t’ai fait un f*ck pour Macron & MLP, mais je te dirai jamais pour qui j’ai voté au premier tour (rires). Associer mon dessin à des noms, cela ne me va pas. J’avais dessiné la bouche de Marine Le Pen, mais c’était juste un rond avec des points partout dedans, pour moi c’était sa bouche mais c’était subliminal.
Si j’avais une baguette magique, tu aimerais que je réalise quel voeu ?
Défoncer quelques murs à New York, faire des murs partout dans le monde !
Remerciements à la Taverne de Gutenberg, 5 rue de l’épée, Lyon 7 (métro Guillotière) / Bugne à Bugne réalisé par Mancini Films.
Séverine Eberhardt.