Comment c’est loin, une comédie d’Orelsan. Deux connards dans un abribus, deux glandeurs attachants. C’est l’histoire d’un mec et d’un autre mec. Une histoire bien au delà du canapé de Bloqués, avec une mise en scène simple et précise dans une petite ville de Province, où l’absurde côtoie la sincérité, où les vannes sur les clichés du rap font écho à toute une génération. « Tu te souviens quand on a commencé à kiffer, comme ça, la médiocrité ? » Comment c’est loin, comment c’est bien ! Un Marche à l’ombre version 2015 pour tromper l’ennui et la mélancolie.
Cette envie de cinéma, ça vient d’où ?
O/ C’était censé être l’adaptation d’un album qu’on a déjà fait Orelsan et Gringe les Casseurs Flowters : en écrivant, on s’est rendu-compte que c’était plus pertinent avec des nouvelles chansons. C’est parti d’un album, ça a donné un film… et ça a redonné un album ! Se lancer dans le cinéma ? C’est parti de mon producteur de spectacles Olivier Poubelle. Etapes par étapes, j’ai écrit, on a commencé à réfléchir. On a rencontré Nolita Cinéma qui m’a conseillé Christophe Offenstein, un bon chef op’ et c’est devenu de plus en plus concret. Au final, ça devient une co-réal.
G/ Il y a un aspect un peu caricatural. Je ne sais pas si Orel le voulait complètement autobiographique ou avec une part romancée. Comme dans l’album, on y met beaucoup de nos vies, de nos vécus, de nos expériences. Je trouve qu’il y a des choses fidèles à la réalité : nos histoires sentimentales, nos potes, les questions que l’on se pose par rapport à l’avenir, nos doutes, la situation d’entre-deux âges dans laquelle on se trouve.
O/ C’est une comédie bien sûr ! enfin si ça s’trouve on n’a pas fait exprès ! C’est une comédie avec un ton particulier, avec des émotions différentes. C’est marqué sur l’affiche, je crois ?! « Une comédie d’Orelsan » J’adore les comédies ! J’aime beaucoup les films des années 90’s américains indépendants Kevin Smith, Will Ferell… et j’ai une grande culture de Ben Stiller aussi ! Pleins d’autres trucs aussi, mais Gringe et moi, on a des goûts totalement différents…
G/ C’est marrant car quand on finalisait la BO du film, on faisait que des morceaux plus ou moins sérieux, plus du tout ce qu’on faisait dans l’album… et Orel ne pouvait pas s’empêcher de glisser des conneries partout, dans l’auto-dérision.
O/ C’est vrai qu’il y a aussi tout un cinéma français des années 80 qui m’a inspiré : Marche à l’ombre, les Apprentis, les Bronzés. Pour nous, c’est des réf’ mais t’as pas besoin d’avoir une culture cinématographique : on a tous vu les Bronzés 15 fois !
Christophe/ Ce qui est compliqué, c’est d’intégrer la musique sans faire comédie musicale. En regardant plusieurs comédies musicales, on s’est rendu compte que la grosse difficulté c’est l’intégration de cette musique dans l’histoire.
O/ Après il y a plus de morceaux que dans le scénario. La scène avec mon père dans la voiture, c’est une idée de Jean-Paul Rouve. Il m’a dit : tu devrais écrire une chanson ! Mais quand même on reste fidèles au script.
Ne pas aller vers la polémique, rester large, est-ce volontaire ?
O/ Je n’avais pas envie de scène de sexe. Cette question, je ne me la pose jamais. On m’avait demandé d’enlever une vanne sur les prostitués et le SIDA. J’ai pas voulu. Au final, c’est passé. Il y a tellement de trucs hardcore au cinéma, je ne vois pas comment tu peux faire une polémique à Caen !
C’est plus facile de faire un film dans la ville de sa jeunesse ?
O/ C’était sûr qu’on allait le faire à Caen ! Avec Tof, on a pris la voiture, j’avais plein de lieux en tête, du coup c’était vachement simple, logique. Je tenais à tourner à Caen, la région basse-normandie ne donnant pas de subventions. C’est tellement simple de tourner d’un point à un autre en 5 minutes, c’est super facile. Nos personnages, on leur laisse le temps. Les mecs, ils sont pas lents, ils prennent leurs temps.
C’est pas vraiment un choix, c’est ça, nos vies. C’est ça qu’on voulait raconter.
C’est une comédie sur deux glandeurs ?
G/ On était balèzes pour tromper l’ennui. Nos personnages se trouvent dans un décor où ils ne se passent pas grand chose. L’avenir n’a pas de perspectives hyper réjouissantes à offrir et c’est un film sur la jeunesse dont on entendait pas trop parler dans le rap.
C’est votre grand-mère qui chante ?
O/ Nos grands-mères, elles chantent tout le temps. Nos personnages n’étaient jamais avec des personnages du vrai monde, donc on s’est dit que c’était bien qu »il y est un personnage féminin pour redonner du power à mon personnage. Et puis, ça nous faisait marrer de penser à raper avec ma grand-mère. Elle est super marrante : C’est une chanson que j’ai écrite, que je lui ai fait apprendre. Elle a vu le film : elle était un peu chamboulex, surprise par le speed. Est ce que c’est vraiment un film ? Elle a eu du mal à voir encore…
La blague du portable, c’est une histoire vraie ?
O/ Le seul truc qui est vrai, c’est que Gringe écrit des textos de ouf ! Je suis quand même pas aussi con que mon personnage, j’aurai jamais fait cette blague, mais ça m’est passé par la tête quand je vois que Gringe envoie des textos de 3, 4 lignes…
G/ Je fais le mec raffiné, c’est marrant le décalage avec Orel : il a l’air bourru comme ça, il va pas prendre gants pour dire les choses sauf quand il écrit des chansons : il a une vraie plume, une dimension littéraire par rapport à d’autres rappeurs que j’écoute, il bouffe beaucoup de livres… Il est en gros décalage avec le personnage du film en jogging.
O/ Je lis des livres avec des images ! Mon personnage ? En fouillant un peu, on voit que c’est un mec qui aime bien la technologie, il est à l’affût, un peu créatif, il fait rien mais plein de choses en même temps. C’est presque ça qui le perd par rapport au personnage de Gringe qui a une forme de névrose. Deux procrastinateurs différents qui arrivent au même point au final.
G/ Ce n’est absolument pas la genèse du groupe mais l’histoire de deux mecs de province. On n’a pas voulu faire de happy end à l’américaine.
Rien ne dit qu’ils vont y arriver ! Tu te dis que c’est pas des mauvais mecs, ils ont un peu de talent quand même. On s’est dit que c’était mieux de laisser ouvert.
Dîtes, vous connaissez vraiment des chansons de Garou ?
O/ En fait, c’est moi qui chante dans le film la chanson de Garou. C’est purement gratuit, je sais même pas pourquoi c’est tombé sur lui… C’est ce qu’on appelle « une disqualifiante » chez nous !
Synopsis : Après une dizaine d’années de non-productivité, Orel et Gringe, la trentaine, galèrent à écrire leur premier album de rap. Leurs textes, truffés de blagues de mauvais goût et de références alambiquées, évoquent leur quotidien dans une ville moyenne de province. Le problème : impossible de terminer une chanson. A l’issue d’une séance houleuse avec leurs producteurs, ils sont au pied du mur : ils ont 24h pour sortir une chanson digne de ce nom. Leurs vieux démons, la peur de l’échec, la procrastination, les potes envahissants, les problèmes de couple viendront se mettre en travers de leur chemin.
Chemin qu’ils n’avaient de toute façon pas pris dans le bon sens…
Sortie en salles : 09.12.2015
Avec : Orelsan, Gringe, Bouteille, Claude, Skread, Ablaye
Conseiller artistique et technique : Christophe Offenstein
Scénario : Orelsan
Ecrit avec la collaboration de : Christophe Offenstein et Stéphanie Murat
Qui c’est, à côté du Schtroumpf noir sur la photo ? Le Schtroumpf dormeur ?
Cher Maxence, il s’agit de Christophe Offenstein !
Bien à vous,
I am not a Schtroumpfette !