Au printemps, à quelques jours du 68ème Festival de Cannes, c’est avec Gaëtan Bouvier que je parle de cinéma et de bonnes bouteilles, après avoir grimpé les pentes du Vieux Lyon pour ce troisième « Tchin, ça tourne ! » en admirant la vue depuis la majestueuse Villa Florentine et bien sûr en allant visiter la cave !
Bercé par l’amour de la cuisine familiale, Gaëtan Bouvier aime les goûts francs et marqués dans l’assiette.
Je suis un fils de paysans à qui on aurait mis un costume.
Il aime savoir où il va. De ses rencontres de vignerons en Alsace se dégagera la volonté de parler de la terre et son engagement dans la sommellerie. Après son apprentissage au Royal Evian, il s’épanouit le temps de trois festivals de Cannes de 2006 à 2008 aux côtés du chef Bruno Oger qui lui donne les clés de la cave au Majestic Barrière. Depuis 2008, ce chef sommelier a rejoint le grand chef Davy Tissot à la Villa Florentine afin d’exercer avec passion son métier, toujours à la recherche de petites merveilles chez les producteurs régionaux pour les faire découvrir avec délectation aux Terrasses de Lyon. Il nous livre ici une sélection pointue de ses films préférés, à (re)voir sans modération !
LA PART DES ANGES de Ken Loach (2012) « Qui dit film écossais, dit whisky ! Le chemin de la rédemption passe par la découverte de grands whiskies. Autant choisir un whisky avec un peu de personnalité pour ce jeune turbulent au caractère bien trempé, un whisky avec une base rustique qu’on aurait assouplie comme le Glengoyne à partir d’une ancienne variété d’orge (golden promess) 18 ans. Dans la pureté de l’orge, on sent une origine rustique. C’est un whisky de grande race, à l’élevage maîtrisé, très séducteur et en même temps on se laisse séduire par le contraste entre la rudesse, la virilité et les arômes pâtissiers. »
ALEXANDRA d’Alexandre Sokurov (2007) Ce film est typique, dans le style, du versant plutôt documentaire de Sokurov (on retrouve les ocres de son Journal Petersbourgeois, ses Élégie ou Sonate filmés). Dans le thème, c’est un regard profond et humain sur les rapports électriques de la Russie avec la Tchétchénie. Dans un environnement gangréné par la guerre, la figure de cette vieille femme en errance est un foyer d’humanité. C’est beaucoup plus beau qu’un film russe cousin, Elena de Zviaguintsev. Pour accompagner son périple, la vodka Ruski Standard est de circonstance.
AMOUR de Michael Haneke (2012) A l’image de Jean-Louis Trintignant dont le personnage Georges ne vacille pas, Gaëtan choisit avec émotion un vieux vin qui tient encore debout « comme quoi, quand on est vieux, on vit encore ! » Un grand cru de Bourgogne, Romanée Saint Vivant pour la magie quand on a la chance de mettre le nez dessus, il s’agit d’ »un vin au panel aromatique complexe qui part dans tous les sens comme l’amour. J’aime l’idée du mot vieux, il impose le respect. » D’une grande dureté, nous renvoyant à notre propre fatalité, le film « Amour » sert une grande beauté. Chacun y vivra son propre raz-de-marée, condamné à être hanté pendant longtemps par le chef d’œuvre auquel il vient d’assister en se délectant d’un vin flamboyant.
THE BIG LEBOWSKI de Joel & Ethan Coen (1998) De ce film culte aux dialogues percutants et drôles, Gaëtan aimerait éduquer le personnage de The Dude avec « un vin gourmand et plaisant, forcément un joli Beaujolais ! Mon crû préféré est sans hésiter le Côte de Brouilly, cuvée La Chapelle du Château de Thivin (Odenas). Intense de fruits, ce Beaujolais vous surprendra dans son pur éclat avec des notes de fruits rouges et énormément de fraicheur : un vin de soif, dangereusement bon, de quoi rester coincer dans l’univers du vin ! »
Remerciements à Davy Tissot, Gaëtan Bouvier et son équipe (Medhi Benhaminda, Mélanie Martinez, Mathieu Aubert, Jessica Baudry, Clément Royer) pour leurs disponibilités et accueil chaleureux. Restaurant « Les Terrasses de Lyon » à la Villa Florentine 25 Montée Saint-Barthélémy, 69005 Lyon 04 72 56 56 56