Patrice Giorda

Patrice Giorda – Touché par la Lumière

Rencontre avec Patrice Giorda, un artiste touché par la Lumière. De son atelier de la Croix-Rousse, Patrice Giorda m’ouvre les portes. Il en aime l’énergie et l’espace. Ce lieu de passage baigne de cette lumière, tant recherchée, celle du Nord, idéale pour peindre. A travers les lueurs de la baie vitrée, il me livre comment il a repris une histoire familiale endormie et les moments importants de sa peinture depuis 30 ans.

Patrice Giorda - dans son atelier

Son amour pour la peinture a commencé dès la fac de Mathématiques. C’est arrivé d’un coup, d’un seul souffle : « Je serai peintre. » Même si son père avait fait les Beaux Arts, il me confie que c’était beaucoup plus inconscient, avec des dispositions belles et bien présentes. Cette histoire s’est réveillée toute seule.

« Je ne me sens pas, dans l’âme, un grand voyageur ; j’ai vécu au Portugal et en Italie à Florence : des voyages décidés pour y travailler et y vivre. Je ne suis pas toujours prêt à partir. La peinture m’enracine. Le voyage a été fondateur pour le travail : cela m’a permis de me découvrir, même si tous les voyages ne déclenchent pas des choses, ni ne donnent envie de peindre, ou de dessiner. »

Mais alors d’où vient son envie de peindre ?

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C’est compliqué. Il s’agit soit de choses que j’ai déjà faites, que je repeins sans me répéter d’ailleurs. A chaque fois, c’est une aventure différente. Remettre les pas, là où on est passé. Soit des rencontres : les derniers paysages qui ont débloqué des choses, sont les Canaries avec les forêts de pins. J’ai eu envie de faire un arbre, deux arbres, puis la texture des arbres… Il peut y avoir des rencontres fortuites auxquelles je ne pensais pas du tout, comme ses pins. Sans qu’on sache trop pourquoi, ces moments, ces rencontres avec des paysages, cela vous touche. Bien sûr, je suis portraitiste, mais à Madrid en 2010, je ne savais pas que j’allais peindre pendant un an et demi sur Velasquez. Tout a commencé par un échec. Il s’est passé quelque chose devant un tableau et j’ai eu envie de ce travail.

Au Portugal la première fois à Lisbonne au monastère Saint Vincent, je suis tombé sur des fables de La Fontaine en céramique : 30 panneaux où j’entrevoyais inconsciemment quelque chose – une technique nouvelle – et en sortant, c’était presque un ordre. Je me suis posé la question. Autant vous dire qu’il n’y a pas de coup de foudre, pas de règles.

En 30 ans ma peinture n’a guère changé, elle s’est approfondie. La manière de concevoir l’espace et la lumière que je porte en moi est restée inchangée. Au début je peignais par grands aplats silencieux, puis peu à peu la matière a pris de l’importance et les coups de pinceaux se sont rendus plus visibles. Un certain expressionnisme contenu s’est libéré.

IMG_5405Patrice Giorda - dans son atelier

Quand Patrice Giorda m’éclaire de ses lumières, le réel et imaginaire s’entre-mêlent, je suis éblouie de ses beautés éclatantes, comblée par ses couleurs en profondeur.

Dans une pièce noire, un tableau ne se voit pas. C’est éclairé qu’il révèle sa lumière. Mais un tableau n’est pas une source de lumière : la lumière qu’il renvoie, n’est qu’un travail complexe sur la lumière qu’il reçoit – la lumière qui l’éclaire.

Les pigments rouges renvoient la perception d’une couleur rouge. Les pigments verts, celle d’une couleur verte. Mais si dans le rouge il y a une pointe de pigment jaune, de pigment violet et de pigment vert, la lumière diffusée par ce rouge aura une complexité dont l’œil ne percevra pas la richesse. Je ne pourrai pas dire que dans ce rouge il y a du vert, du violet et du jaune, car mon œil ne saura distinguer ces couleurs. Mais tous ces pigments non dissous dans le mélange continuent d’exister et de travailler la lumière qu’ils reçoivent. Ils me renverront, sans que j’en aie conscience, la lumière colorée que leurs pigments diffusent.

Il est faux de penser qu’un tableau puisse se réduire à ce qu’on en voit – ou bien c’est que son efficacité est de l’ordre du dessin ; ou encore que sa couleur ne cherche pas la lumière.

Patrice Giorda - dans son atelier

Son exposition du 6 mai au 25 juillet 2015 au Plateau de l’Hôtel de Région Rhône-Alpes fut de toute beauté. De celle qu’on contemple encore dans nos souvenirs. GIORDA – L’espace de la lumière – 83-2015

Séverine Eberhardt.

 

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