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Tout pour être heureux… oui vraiment.

Dix ans de mariage. Heureux ou presque. La quarantenaire insatisfaite, dilettante et égoïste ? Comme dans beaucoup d’histoires d’amour, vous vous êtes rencontrés très jeunes avec votre femme, vos rêves de musique se sont envolés avec le premier enfant et la routine. Vous aviez tout pour être heureux et tout n’est plus que reproche, remord et rupture… Pas de panique, vous êtes au cinéma devant la dernière comédie de Cyril Gelblat avec Manu Payet, Audrey Lamy et Aure Atika.

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Tout pour être Heureux, c’est l’histoire d’un mec, d’un bon gars comme toi, comme ton pote, comme ton meilleur ami. C’est le difficile chemin d’un homme, de la rupture à la séparation, avec la paternité en forme de rédemption.


Rencontre avec le réalisateur Cyril Gelblat, Manu Payet et Joe Bel au Sofitel Lyon Bellecour.

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Manu Payet / Cyril Gelblat / Joe Bel

Cyril Gelblat : J’ai été ce nouveau père assez vite. J’ai écouté Xavier De Moulins parler de son livre (intitulé auparavant Un coup à prendre) à la radio : un mec incapable d’être père à l’intérieur du noyau familial qui a eu besoin de sortir de ce noyau pour être père. Après j’ai amené beaucoup de choses très personnelles. Au montage, je l’ai pris dans la gueule, cet espèce de mimétisme avec Manu. Le film suinte de notre expérience à deux : une sensibilité et du vécu, car déjà Raphaelle dans le film est ma petite fille.

Avec un milieu musical familier ?

Cyril : Mon beau frère est un ancien producteur de musique, indirectement je me suis inspiré de lui. C’est un couple exogène. Je l’ai de suite imaginé avec une vie nocturne ce gars qui étouffe un peu chez lui, ce lion en cage. Ce n’est pas dans le livre mais je l’imaginais jouer à batons rompus chez lui… et à partir de ça, faire de la musique un personnage. L’univers pop-folk grâce à Joe, je le rêvais. Les films sur la musique, c’est toujours casse-gueule. C’était un vrai pari avec une pépite.

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La Lyonnaise Joe Bel

Joe, c’est votre première expérience au cinéma, comment vous l’aviez imaginé ?

Joe Bel : Je n’avais jamais pensé une seconde dans ma vie que j’allais faire ça. C’était déjà compliqué d’aller à l’audition, d’aller faire une scène devant un réalisateur. Sur scène, je n’ai pas du tout l’impression de rentrer dans la peau d’un personnage, je suis moi et mes chansons ne sont pas des histoires de fiction. En jouant, j’ai compris qu’on incarnait quelque chose de plus fort que dans la « vraie vie ».


Manu arrive en retard (le fameux quart d’heure lyonnais) et se fait passer pour le groom du Sofitel en poussant un chariot à cintres de l’hôtel. Je me marre, je suis déjà sous le charme et je me planque dans mon petit carnet. Il faut dire que les caméras de Canal + nous tournent autour. Le Tube sera mis en boîte pendant la rencontre presse.

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Le Tube du 26/03 avec Xavier De Moulins

Les chansons ont-elles été créées pour le film ?

Cyril : Quand on est posé dans une salle de cinéma on accepte le mensonge du cinéma. Mais on ne peut pas faire faire n’importe quoi à n’importe qui. On ne peut pas prendre Rihanna pour jouer une pépite qui va devenir une star. Soit on allait composer des chansons pour une chanteuse et on intervenait sur l’univers musical, soit… c’était ça qu’on voulait ! J’ai analysé son show-case, et même dans les paroles, son univers était vraiment ce que l’on souhaitait avec les émotions du moment.

Parlez-nous du choix des acteurs : un casting un peu risqué avec beaucoup d’acteurs venant de la comédie ?

Cyril : Mon ambition était qu’ils soient très différents à l’arrivée qu’au départ. Avec ma productrice, on trouvait l’idée intéressante de ne pas prendre quelqu’un qui incarne le patriarche. Le point de départ du personnage, démissionnaire était ce qui m’intéressait. L’idée du titre est de jouer sur l’ironie ; ce trajet d’acteurs est plus simple que le contraire. Je pressentais dans le travail de Manu et d’Audrey des zones d’ombres qui m’intéressaient et c’était pas un postulat.

Et Manu, c’était pas évident dès le départ.

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Manu : C’est un peu l’âge aussi, c’est vrai. Il y a aussi  les personnages que l’on reçoit. Souvent on me dit que mes personnages sont « gentils »… Si Emma Luchini ne m’avait pas envoyé ce scénar, je n’aurais pas fait un film comme ça ! Je l’aurais découvert au ciné et je me serais dit : oh tiens, c’est bien ce truc, j’aurais bien ce papa un peu démissionnaire, ça m’aurait plu ! J’ai eu cette chance : j’ai lu ce scénar, j’ai refermé, j’ai dit, ok c’est moi. On s’est très bien entendu, je lui ai fait part de ma petite angoisse de jouer un papa, même si j’ai mon Bafa. Ce qui m’a rendu papa, c’est ce garçon et sa fille. Je n’ai pas peur du présent. Il y a des moments dans la vie, on ne fait pas que rigoler.

Si ça se trouve dans deux enfants, je me dirais « p*tain, j’ai pas fait ça… »

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Vous jouez vraiment de la batterie ?

Manu : C’est ma petite revanche sur le lycée, j’ai toujours rêvé d’être une rockstar. Une fois, un mec m’a vu en concert et je lui demande : « comment vous m’avez trouvé ? » Il me dit : « Super drôle ! » et là j’ai compris qu’il fallait changer de plans. Quand je lis le scénar, Antoine est batteur, et du coup c’est moi qui joue.

Joe : Je crois que je vais l’embaucher ! La scène dans le Grand Journal je me suis éclatée ! Je me retourne, je vois le batteur et c’est Manu Payet, vraiment cool.

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Manu, vous n’avez pas peur qu’on vous reparle de votre vie personnelle, avec un film comme ça ?

Manu : Naaan, c’était il y’a longtemps. Ben ouais, c’est vrai, j’ai divorcé. (un silence) C’est marrant parce que je suis en train de me demander… Si, si quand même. J’essaie de ne pas mettre trop de moi dans Antoine, parce que sinon c’est douloureux. J’essaie de ne pas me faire mal en jouant. Sur le banc, quand on est tous les deux avec Audrey au Palais de Justice, cela m’a traversé l’esprit. Je me suis dit : « Manu, tu évacues ça tout de suite, sinon ça fait mal. » On s’entend très bien avec mon ex-femme, et c’est la première fois que je peux en parler avec le sourire.

La vérité sort de la bouche des enfants ?

Cyril : Les vannes viennent souvent de ma fille ! On voit la faculté d’observation des enfants. La scène dans le bain « Papa pourquoi t’es triste ? » Raphaelle m’a vraiment dit : « ma tirelire elle est pleine, tu vas faire ton film et tu vas arrêter d’être triste. »

Manu : C’est une petite fille qui a de l’esprit mais surtout c’est la capacité qu’elle a à jouer et reproduire pour le cinoche. A chaque prise, elle a tout compris au jeu sans l’avoir intellectualisé. Cette petite fille était exactement en train de faire de ce qu’on nous demandait de faire : à chaque fois, l’intonation changeait, c’est incroyable. Je la regardais et je me disais : « là, mon gars, ça envoit sévère ! »

Avez- vous tout pour être heureux ? 

Cyril : Le film a été une thérapie. C’est un film sur l’insatisfaction et sur ce qu’il y a de noble dans l’ambition.

Joe : J’ai déjà ressenti ça avec mon petit garçon. Finalement, l’essentiel, ce sont les enfants, la famille, ceux qui nous aiment.

Manu : Oui, j’ai tout pour être heureux. Après qu’est ce que j’en fais ? Est-ce que je le place au bon endroit ? Est ce que j’ai assez de recul et de respect pour bien le recevoir, ce bonheur ? C’est difficile quand on est honnête avec soi-même. C’est tellement plus simple de ne pas être content. Si on était Américains, vous m’auriez posé la question et j’aurais répondu : Everything is amazing. You know, the sun is shining

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…mais nous, on est Français alors ma réponse est un peu plus longue !

Synopsis : Antoine ne s’est jamais réellement senti investi d’une mission pour s’occuper de ses filles, âgées de 5 et 9 ans. Infantilisé par sa femme Alice, Antoine n’arrive pas à trouver sa place dans son foyer et décide subitement de la quitter pour une histoire sans lendemain. Lorsqu’Alice lui confie leurs filles quelques jours par surprise, Antoine va se retrouver sur un continent inconnu. Et alors qu’il était incapable d’assumer son rôle de père à l’intérieur du noyau familial, il va finir par devenir une véritable « mère juive ». Après avoir quitté sa femme par nostalgie de sa liberté d’antan, le nouvel Antoine va se retrouver confronté à une nouvelle nostalgie, celle de sa vie de famille…

Tout pour être heureux de Cyril Gelblat avec Manu Payet, Audrey Lamy et Aure Atika, en salles le 13 avril au cinéma (UGC Lyon).

Séverine Eberhardt.

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